Définition de l’éthique socratique

Qu’est ce que : Définition de l’éthique socratique

L’éthique socratique est l’ensemble des élaborations sur la manière de bien agir, résultant des différents développements du philosophe grec paradigmatique Socrate. La condition de possibilité de cette façon d’agir est le développement de la vertu. Lilén Gomez | Nov. 2021Professeur de philosophieLorsqu’on se réfère à l’éthique socratique, il est nécessaire de signaler au préalable une importante difficulté historico-philologique, à savoir que nous ne connaissons directement aucune source textuelle dans laquelle Socrate aurait laissé un témoignage de sa pensée. Les principales sources à travers lesquelles nous pouvons aborder la philosophie socratique sont les dialogues de Platon et, dans une moindre mesure, les œuvres aristotéliciennes, ainsi que certaines comédies d’Aristophane. Cela implique une série de controverses sur les idées du philosophe athénien et même sur sa propre existence historique. À proprement parler, le Socrate que nous connaissons est le Socrate platonicien, protagoniste de la plupart des Dialogues, avec divers interlocuteurs.
Même avec ses complexités, ses sources et ses interprétations disparates, l’image de Socrate a été déterminante pour la culture occidentale, et notamment pour son éthique ; car, à la suite d’Aristote, il a été le premier à prendre pour objet de sa pensée les définitions des choses morales (Aristote, Métaphysique, 987 b1).

Principes sur lesquels repose l’éthique

Socrate place, au centre de la réflexion philosophique, non pas l’univers et la nature, mais l’homme lui-même. En ce sens, la question de la conduite morale de l’homme devient un aspect central de sa pensée, régie par la maxime delphique ‘connais-toi toi-même’. Socrate déplace ainsi l’enquête sur la physis vers un regard sur l’intérieur de soi. Cette démarche souligne l’importance de la philosophie, non pas en tant que connaissance pour la connaissance, mais dans son sens pratique. Pour Socrate, l’homme doit développer sa connaissance intérieure, car c’est cette interrogation qui lui permettra d’orienter son mode de vie vers le bien, et l’éthique socratique est donc étroitement liée à la connaissance. La vertu (areté) est une voie de sagesse, et personne ne peut faire le mal volontairement ; car ceux qui pèchent le font toujours par ignorance, puisqu’ils ne savent pas ce qui est bon. Cependant, la vertu ne peut pas être enseignée comme n’importe quel autre savoir, car il s’agit d’un savoir pratique : la découverte des vertus n’est pas une simple opération intellectuelle, mais nécessite que l’homme prenne conscience de son être intérieur. En ce sens, la sagesse est liée à l’éthique en tant que voie de libération spirituelle. Ses principales formes consistent en la maîtrise de l’âme sur le corps, l’adaptation de la vie à l’ordre téléologique du monde et, sur le plan politique, en la subordination de l’État au gouvernement des sages.

Le chemin vers le bien

La tâche de la philosophie est une tâche strictement humaine, dans la mesure où l’être humain est un être intermédiaire entre les animaux, englués dans l’ignorance, et les dieux, dont la sagesse est absolue. Seul l’homme peut donc désirer savoir ; la connaissance est donc dans un état d’oscillation permanent. C’est pourquoi la vertu socratique aboutit toujours à une connaissance imparfaite qui, précisément pour cette raison, doit être constamment travaillée. Le bien ne s’impose pas sans difficulté, mais l’homme doit faire usage de sa liberté pour l’atteindre. Ainsi, pour Socrate, la sagesse implique une lutte contre soi-même, la reconnaissance de sa propre ignorance afin de ne pas être vaincu par elle.
La voie du bien sera, en même temps, la voie du bonheur et de la justice. Dans l’éthique socratique, le bonheur et la vertu sont identifiés. La véritable source du bonheur se trouve dans l’âme, dans sa perfection. Tout le reste est un moyen de parvenir à cette fin, mais n’a aucune valeur en soi. Le propre de l’homme est d’atteindre la perfection spirituelle, face à laquelle, se laisser envahir par le plaisir – aussi bien les plaisirs mondains que le luxe – conduit à l’ignorance puis à la faute.

Bibliographie

MARTINEZ LORCA, A. (1980) ‘La ética de Sócrates y su influencia en el pensamiento occidental’, dans Revista Baética, 3, 317-334. Université de Malaga.